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06/09/2015

L'histoire de /die Geschichte von "Erinnerungsspiel"

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Le point de départ

Au départ de ce projet d'installation, il y a un film que j'ai commencé à tourner il y a bientôt dix ans.

Avec ce film, je me suis attaquée à mon histoire, c'est-à-dire celle qu'on écrit avec un grand H et qui est celle de mon pays natal.

Exilée psychologique d'Allemagne depuis mes dix-huit ans, j'avais besoin d'y retourner pour me confronter physiquement aux traces de l'Allemagne nazie. C'est ainsi que j'ai traversé ce pays refoulé, de Strasbourg jusqu'à Auschwitz, à quelques kilomètres de la ville natale de ma grand-mère, avec comme étapes, les anciens camps nazis. Ces camps, je les ai tous parcourus caméra en main, comme j'ai parcouru l'Allemagne d'ouest en est, du sud au nord, une sorte de calvaire par lequel il fallait passer pour pouvoir continuer ma route.

Ce voyage presque muet, je l'ai refait, un an plus tard, pour rencontrer des gens de ma génération, la soi-disant « troisième génération » en référence à l'histoire nazie. Cette fois-ci, j'ai parlé un peu, mais j'ai surtout écouté et partagé un ressenti longtemps trimballé : cette Histoire allemande ne nous a pas seulement marqué, mais elle nous a fait.

 

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 Der Ausgangspunkt

Am Anfang dieses Projektes steht ein Film, den ich vor fast zehn Jahren begonnen habe.

Mit diesem Film wollte ich meine Geschichte angehen, das heisst die Geschichte meines Landes, die deutsche Geschichte.

Ich war mit 18 von Deutschland weggegangen und spürte plötzlich das Bedürfnis zurückzukehren, um mich mit den Spuren des Nationalsozialismus auseinanderzusetzen. So habe ich mein verdrängtes Land durchquert, von Strassburg nach Auschwitz, nur ein paar Kilometer von der Geburtsstadt meiner schlesischen Grossmutter entfernt und als Etappen die ehemaligen Konzentrationslager. Diese Lager bin ich alle abgelaufen, mit der Kamera in der Hand, wie ich Deutschland abgelaufen bin, von Süden nach Norden, von Westen nach Osten, eine Art Kreuzgang den ich gehen musste, um weitergehen zu können.

Diese fast stumme Reise, habe ich dann ein Jahr später noch einmal gemacht, schwanger und mit Filmförderung und Produktion und der Idee Menschen meiner Generation, das heisst der sogenannten „dritten Generation“, zu treffen und mit ihnen über die Auswirkungen der deutschen Geschichte auf unser Leben zu sprechen. Ich habe Fragen gestellt und zugehört und ein Gefühl geteilt, das ich schon lange in mir gespürt habe: dass uns die deutsche Geschichte nicht nur geprägt hat, sondern dass sie uns gemacht hat, durch und durch.

 

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 La suite

J'ai mis longtemps à monter le film, mais une fois un montage d'environ 30 minutes réalisé, j’ai eu le sentiment qu'il fallait une mise en abîme. L'idée est venue de traiter le matériau filmique différemment, plutôt comme un élément, une partie d'une mise en espace articulée à d’autres modes d’expression ou de médias.

C’est à partir de ce moment-là que j'ai commencé à peindre des aquarelles à partir d'images du film, d'images qui me paraissaient essentielles. C'était un choix intuitif...

Des images de sol, de la terre, des ombres sur le sol, des pieds qui marchent...

Des images des mémoriaux, de fenêtres clouées, de muraille, d'allées grises, d'uniforme SA, d'escalier ...

Des images du train : les sièges vides en face de moi, l'ombre sur la tablette...

Des images à partir du train: images floues, pluie contre la vitre, tunnel, reflets abstraits...

Des images de solitude: l'assiette devant moi, la cuvette des toilettes, la pomme de douche, la tasse de café, à travers une fenêtre ou le cadre d'une porte, des enfants qui mangent une glace, une femme qui poussent une poussette...

Des images filmées lors d'une projection de diapositives en famille: mes grand-parents, mon grand-père, ma mère avec ma sœur, moi, en train de pleurer...

L'aquarelle, cette technique sans mémoire, transparente, immédiate, fragile, ... Cette technique de la tache aussi, des contours imprécis. Mais une technique qui fixe, qui dépose, matière, arrêt sur image.

72 d'aquarelles, toutes du même format, soit 21 x 28 cm sur des feuilles de 40 x 40 cm avec les timecodes inscrits au bas de chaque aquarelle. Ces timecodes, comme une marque indélébile, précisent le début et la fin de l’image, du temps capturé.

72 aquarelles, correspondant au nombre de cartes d'un jeu de Memory classique.

Dans un jeu de Memory classique, il y a des couples, des paires.

Parmi mes aquarelles, il y a également des couples, des liens possibles, des images qui vont ensemble, que l’on peut ou non associer, mais qui ne sont pas pareilles. Dans mon jeu de Memory, ce n'est pas la bonne mémoire qui va faire gagner ou perdre, il n'y a pas de gagnant ou de perdant : il y a la mémoire possible.

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Die Fortsetzung...

Ich habe lange Zeit gebraucht, um den Film zu schneiden und als endlich eine 30 Minuten lange Essay-form entstanden war, wurde mir klar, dass dieser Film nicht allein stehen konnte und mir kam die Idee, ihn Ausgangspunkt einer Rauminstallation zu sehen.

Von dem Moment an habe ich angefangen Aquarellbilder zu malen, ausgehend von Bildern des Films, von den Bildern, die mir wesentlich erschienen. Das war eine intuitive Wahl...

Bodenbilder, Bilder von der Erde, vom Schatten auf der Erde, von Füssen, die auf diesem Boden gehen...

Gedenkstättenbilder, Bilder von braunen Holzverschlägen, von roten Ziegelsteinen, grauem Schotter, vergitterten Fenstern, SA-Uniformen, Treppen...

Zugbilder, Bilder von leeren Sitzen, vom Schatten auf ausklappbaren Tischen...

Zugfenster-bilder, verschwommene Bilder, abstrakte Spiegelungen, Regen gegen die Scheibe, flatternde Gardinen, Tunnelbilder...

Einsamkeitsbilder, Bilder von Tellern, Toilettenschüsseln, Duschköpfen und Kaffeetassen, von Kindern vor dem Caféfenster, von Müttern mit Kinderwagen...

Familienbilder, Bilder eines Diaabends im Film, Bilder von meinen Grosseltern, Bilder von mir und meiner Schwester, von mir, als Kind, weinend...

Zwischenbilder, Bilder von Karten, von Wasser, von Füssen im Wasser und von Wasser überschwemmten Karten....

Aquarell, diese Technik ohne Erinnerung, transparent, unmittelbar, fragil. Diese Technik, die auch an den Fleck gebunden ist, unpräzise Konturen. Aber auch eine Technik die festhält, die deponiert, Materie, Standbild.

72 Aquarellbilder, alle im selben Format, 21 x 28 cm auf Aquarellpapier 40 x 40 cm, mit Timecode unter jedem Bild. Dieser Timecode ist wie ein unauslöschbares Zeichen, das den Anfang und das Ende jedes Bilder angibt, also die von mir eingefangene Zeit.

72 Aquarellbilder, entsprechend der Anzahl der Karten eines klassischen Memory-Spieles.

In einem klassischen Memory-Spiel gibt es Paare, jeweils zwei genau gleiche Karten. Unter meinen Aquarellbildern gibt es auch Paare, mögliche Verbindungen, Bilder, die zusammen passen, die man miteinander in Verbindung bringen kann, aber keine meiner Bilder ist dem anderen genau gleich. In meinem Memory-Spiel ist es nicht das gute oder schlechte Gedächtnis, das einen gewinnen oder verlieren lässt, es gibt weder Gewinner, noch Verlierer: nur die mögliche Erinnerung, das mögliche Gedächtnis.

 

 

 

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